racontons notre histoire (7)

oui, l'ailleurs me manque, parfois, souvent…

 * * *

Foyer Jacques Cordier à Toul - mardi 19 mars 2013 - 18h

Le bâtiment, au bout d'une longue route sinueuse, est neuf.

Il n'y a pas de signe de vie, si ce n'est quelques silhouettes

derrière des fenêtres éclairées et des voitures sur le parking.

J'entre dans ce qu'il doit rester de l'ancien bâtiment.

 Dans le hall, des photographies en noir et blanc accrochées à des grilles métalliques.

Assis sur un banc, le long du mur en face, des hommes sous la blanche lueur des néons. 

Des hommes moustachus, âgés pour la plupart, la peau tannée, des ridules au coin des yeux.

Tous sont venus pour le café-citoyen animé par Vincent Ferry, 

chercheur à l’Université de Lorraine

"Étrangers des deux rives, raconte-moi ton histoire…"

 * * *

parmi eux, Geram, réfugié politique

petit homme trapu au pull et regard noir comme des pruneaux,

arménien

Rachel, au Foyer depuis son divorce,

jolie femme aux cheveux ébouriffés, 

camerounaise

un monsieur algérien, plutôt âgé,

"parlant le français comme une vache espagnole"
dit-il d'un air malicieux

et puis aussi Vartan, Mohammed, et tout les autres

"vieux travailleurs migrants" qui un jour ont été accueillis 

puis accompagnés dans ce foyer

Puis, dans la salle, les langues se délient peu à peu (de ceux qui ne sont pas hébergés dans le foyer) :

un grec, des turcs, une ukrainienne, un français né de père algérien et mère marocaine… 

tous racontent un bout de leur histoire. Passionnant.

La soirée touche à sa fin, 

des petites tasses en verre colorées circulent, fleurant bon la menthe poivrée,

des pâtisseries à la fleur d'oranger, au miel et cheveux d'anges sont aussi partagés

au son des cordes grattées par Vartan.

 * * *

Je referme la porte vitrée derrière deux enfants du Foyer,
venus jouer en pantoufles parmi les portraits.

 Dans l'obscurité de la nuit, je reprends la route

le corps plein d'une étrange et belle émotion,

plein de nouvelles belles rencontres.